Politique positive et démocratie
International audience ; L'article se propose de présenter les critiques adressées par Comte à la pensée politique moderne. Une fois dressé un constat de la situation actuelle, il faut s'assurer que les embarras en question sont bien ceux de la démocratie. Une troisième partie présente à grands traits l'esprit de la politique positive. On peut alors expliciter le jugement porté sur la démocratie. Si la souveraineté populaire est une « mystification oppressive », il est toutefois possible d'en dégager un noyau positif, ce qui est beaucoup plus difficile pour l'égalité. Liberté et égalité travaillent en sens contraire et les niveleurs méconnaissent ce qui sert de fondement à la sociologie, à savoir la statique sociale ou théorie de l'ordre. La politique positive peut-elle nous apprendre quelque chose sur les embarras actuels de la démocratie ? Pour beaucoup d'entre nous, la question ne se pose tout simplement pas. Pour les uns, c'est jusqu'à l'existence même d'une politique positive qui en est venue à être complètement oubliée ; pour les autres, ce qu'ils savent d'elle suffit à la disqualifier. Comte n'a-t-il pas fait l'éloge de la dictature et critiqué le régime parlementaire ? Il n'est donc pas difficile de le présenter comme un adversaire irréductible de la démocratie. Il y a bien, chez lui, une critique de la maladie occidentale, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant et, si cette image d'un Comte précurseur du totalitarisme, qu'on trouve par exemple chez Hayek, et qui est aujourd'hui largement dominante, rendait justice à Comte, si elle nous donnait une image fidèle de la politique positive, alors, oui, il vaudrait mieux en rester là. Mais il faut bien admettre qu'elle est largement caricaturale. Comme Hegel, à qui pendant un temps on aimait à le comparer, la pensée politique de Comte a fait l'objet d'interprétations diamétralement opposées, illustrées entre les deux guerres par Alain et Maurras. La tension est inscrite dans la devise du positivisme : ordre et progrès, selon le poids que l'on ...